THX 1138 director's cut
Distributeur : Solaris
Sortie cinéma France : 13 Juin 2007
Sortie DVD : 07/09/2005
Genre : Science Fiction
Un film de George Lucas
Avec Robert Duvall, Donald Pleasence, Don Pedro Colley, Maggie McOmie, Ian Wolfe , Marshall Efron
Durée : 1h28
Au XXVe siècle, dans une cité souterraine qui ressemble à une termitière humaine où chacun s'identifie par un code de 3 lettres et 4 chiffres, THX 1138 est un technicien tout à fait ordinaire travaillant sur une chaîne d'assemblage de policiers-robots. Un jour, il commet pourtant un acte irréparable: lui et sa compagne LUH 3147 font l'amour dans une société qui l'interdit formellement. Pour THX 1138, c'est désormais la prison qui l'attend...<
A l'occasion de la ressortie de THX 1138 : Director's cut, de George Lucas, retour sur le film et surtout le réalisateur dont la filmographie est passée au crible par les rédacteurs du site. AVANT PROPOS Avant de partir dans une galaxie lointaine, George Lucas oeuvrait pour une forme inclassable de cinéma qui prenait des risques et semblait afficher un mépris souverain envers tout ce qui rimait avec mercantilisme, autorité, diktats. C'était, il y a longtemps, dans le meilleur des mondes, la naissance de THX 1138, sorte de côté obscur de George Lucas, le Dark Vador du businessman,
AVANT PROPOS
Avant de partir dans une galaxie lointaine, George Lucas oeuvrait pour une forme inclassable de cinéma qui prenait des risques et semblait afficher un mépris souverain envers tout ce qui rimait avec mercantilisme, autorité, diktats. C'était, il y a longtemps, dans le meilleur des mondes, la naissance de THX 1138, sorte de côté obscur de George Lucas, le Dark Vador du businessman, la perle du schizophrène. Et il y fait montre d'une radicalité et d'une maturité peu connues.
C'est typiquement le film que les détracteurs officiels et officieux de La guerre des étoiles n'hésitent pas à porter au pinacle. A raison (ce n'est pas le même registre formel) et à tort (impossible de nier les corrélations entre ce petit film de science-fiction avant-gardiste et les gros blocs hypertrophiés Star Wars). Toute la différence est dans le style, moins dans la substance. On oublie trop souvent que George Lucas a commencé dans un circuit indépendant avant de goûter les reconnaissances de la saga Star Wars dans laquelle il a repris toutes ses obsessions chéries (les voitures, la quête d'une liberté impossible, le danger et la peur d'exprimer ses sentiments) en les amplifiant pour leur donner un souffle Shakespearien de space-opera. De manière plus générale, dans THX 1138, il se fond dans le moule de l'anticipation pour pointer du doigt quelques inquiétudes propres à la société américaine des années 70 jusqu'à un final libérateur et éblouissant.
Dans un univers inhospitalier et bureaucratique, les robots dominent les humains qui travaillent à la chaîne et drogués, ne ressentent strictement plus rien. Sous l'impulsion de sa compagne, un homme baptisé THX 1138 stoppe l'ingurgitation des pilules et retrouvent tout plein de sentiments oubliés. Merci qui? Le film est né de la plume de Matthew Robbins et Walter Murch, deux inconnus alors camarades de promotion, qui innocemment ont écrit les prémisses de leur film d'études commun (THX 1138: 4 EB). Suite au désistement des deux larrons qui trouvaient le script trop obscur, Lucas l'a réutilisé pour le tourner à sa sauce stylisée et livrer sa propre version baptisée THX 1138: 4EB (Electronic Labyrinth) (disponible sur le dvd zone 2). Francis Ford Coppola se pointe à l'université pour dénicher les nouveaux talents et tombe sur le film de Lucas, sans le moindre dialogue et congratulé à foison. Malin, il part à sa rencontre et lui demande de réaliser une version longue pour sa boîte de production, American Zoetrope. La tache est ardue: il sollicitera Walter Murch, auteur du scénario originel, pour l'aider à développer les enjeux dramatiques, et ne pourra pas comme il le désirait au départ tourner son film au Japon faute d'un budget conséquent. Avant de céder aux sirènes d'un cinéma américain de plus en plus ouvert à la commercialisation et de moins en moins exigeant (on l'a vu récemment avec Zodiac, de David Fincher: certains cinéastes actuels tentent de renouer avec cette tradition de pur cinéma US anticommercial des années 60-70 incarnée par Frankenheimer et Schlesinger), George Lucas fut tellement dégoûté du remontage éhonté de sa petite production, de la Warner qui a essayé de lui retirer la paternité du film et de l'accueil public qu'il s'est par la suite juré de ne réaliser que des divertissements consensuels, grippe-sous, ambitieux et accessibles. De là est né le très light et smooth American Graffiti aux intentions diamétralement
La ressortie de ce film dans la version director's cut, conforme aux souhaits de Lucas, selon un montage désormais approuvé, constitue une aubaine pour redécouvrir une oeuvre charnière désormais nourrie de plans numériques par sa société d'effets spéciaux ILM (sans le luxe sardanapalesque des «premiers épisodes de l'hexalogie») et d'ajouts connus (profondeur corrigée dans l'usine des robots, hauteurs redéfinies, longue séquence de fuite). A l'époque, Lucas utilisait les us et coutumes de la science-fiction autant pour des raisons esthétiques que des abîmes politiques à la Orwell sur le mode Ira Levin: montrer un futur proche où le gouvernement contrôle les faits, les gestes et l'esprit des hommes. Incidemment, il prévient des dangers de l'uniformisation et utilise le soulèvement des machines pour marteler une déshumanisation rampante (les robots sont des policiers qui surveillent les humains). Les individus sont réduits à l'anonymat des matricules. Les chiffres de THX, ceux qui composaient le numéro de téléphone de sa chambre d'étudiant, se répercuteront dans la filmographie de Lucas, telle une obsession ou pour consolider les liens. Autrement, le terme THX pour désigner la charte de qualité sonore et graphique émise par Lucasfilm Ltd (Tom Holman eXperiment); ou encore, dans le jeu Star Wars : Jedi Starfighter et la bd Clone Wars, le poison se nomme la TriHeXalophine (ou TriHeXalon 1138).
Cette représentation du futur, désormais très proche car métaphorique, est si puissante qu'elle n'a pas pris de rides fictionnelles. La bande-son de Lalo Schiffrin confère une dimension inquiétante aux images déjà très étranges qui semblent échappés d'un cauchemar. Dans ses opus suivants, la musique résonnera, fière et pompeuse, et ne ressemblera plus à ce brouhaha indistinct. Triturant les effets sonores pour alimenter de longues scènes contemplatives ou contester de manière purement cinématographique l'autorité et l'ordre incarnés par la convention, le nabab Hollywoodien signait un parangon du cinéma expérimental, aux volutes fascinantes, aux correspondances inouïes mais duquel on ressort très mélancolique (comment aurait évolué le cinéaste s'il avait continué dans cette belle voie ?). Quoi qu'il en soit, vu la disette actuelle, le meilleur film de George Lucas mérite bien une découverte ou un nouveau visionnage au cinéma dans des conditions optimales.
VOILA J ESPERE QUE CELA VOUS IRAS .
Jeu 2 Avr - 20:04
